Dans la capitale tchadienne, les maisons et les immeubles poussent comme des champignons, mais derrière cette course frénétique pour la construction, plébiscitée par une partie de la population se cache une autre réalité moins idyllique. Les terrains de football disparaissent au fur et à mesure sous les écoulements de bétons. Cette situation alarmante est renforcée par la densification et l’augmentation du trafic motorisé (mobylettes, motos et voitures). Du coup, non seulement l’accès à des espaces de jeux est devenu de plus en plus rare mais il est aussi dangereux de nos jours pour les jeunes de jouer au football dans les rues.

Il y a indiscutablement un énorme gap entre le nombre d’habitants de N’Djamena et les emplacements disponibles dédiés pour la pratique du sport. Or, nous savons que ce rapport devrait être proportionnel pour l’équilibre du bon fonctionnement d’une ville digne de son nom. Ce phénomène touche également les autres grandes villes du pays.

Comment expliquer que la capitale du 5ème pays le plus vaste d’Afrique manque des espaces pour ses habitants afin de pratiquer du sport ?

A ce rythme, les conséquences seront désastreuses sur le plan sportif, sanitaire, économique, écologique et social.

« Imaginez N’Djamena dans 30 ans, vers 2055, une ville surpeuplée, polluée, asphyxiée par le changement climatique. Une ville dans laquelle il n’y a pas des espaces de jeux, aires de repos, ni des terrains de football dans les quartiers, seulement quelques rares grands stades dont tout le monde n’a pas accès pour de multiples raisons. Les jeunes n’ont pas la possibilité de se défouler et les clubs ont toutes les peines du monde à alimenter leurs équipes premières avec des joueurs talentueux. Une ville où la majorité de sa population ne pratique pas du sport, environ 25 à 30% de cette dernière est malade et un système de santé fragile. Evidemment, cette tranche de la population malade augmente le nombre des chômeurs, ne contribue pas à la création de richesses, mais elle est consommatrice des biens et services de santé. Une ville où les tensions sociales règnent constamment, car le fossé entre les riches et les pauvres est insupportable. Face à cette situation intenable, le gouvernement n’aurait que deux possibilités : Faire machine arrière. Autrement dit, casser les bétons pour obtenir des espaces ou construire une nouvelle ville. Dans les deux cas, la facture sera exorbitante »

Est-ce que les autorités compétentes sont réellement conscientes de la fabrication en cours d’une véritablement bombe à retardement ?

Quelle est la stratégie du gouvernement tchadien en matière de gestion des installations sportives ?

Y a-t-il des échanges de données sur ce sujet entre le ministère de la jeunesse et des sports, celui de l’aménagement du territoire, les différentes mairies et le ministère des infrastructures et des transports, ainsi que celui de l’environnement ?

Est-ce normal qu’un gamin de 10 – 12 ans parcourt des kilomètres depuis chez lui pour trouver un terrain de football pour s’entrainer ?

Est-ce raisonnable que des équipes de jeunes font des longues files d’attente pour payer avant d’accéder à un stade afin de pratiquer leur sport favori pour un temps limité ?

Construire une ville c’est bien, mais construire avec cohérence et anticipation en tenant compte les besoins fondamentaux de sa population c’est encore mieux.

N’Djamena devrait être dotée des installations sportives de standing international réservées aux entraînements des sportifs d’élites et pour accueillir des compétitions internationales. De plus, chaque arrondissement devrait être équipé de son propre centre sportif pour augmenter l’activité physique et sportive de la population. Cela servirait aussi des repères aux clubs sportifs et favoriserait leur développement. Ce serait un modèle duplicable à l’échelle nationale.

Nous exortons le gouvernement tchadien à tenir absolument les états généraux du sport ou faire un diagnostic global du sport au Tchad. Ensuite, élaborer un plan pour la promotion et le développement du sport au Tchad en collaboration avec toutes les parties prenantes. Enfin, se mettre tous au travail pour une vision commune, une vision à long terme, une vison pour faire rayonner l’image du pays de Toumaï à travers le sport tout simplement.

La balle est désormais dans le camp de la population N’Djamenoise consciente et soucieuse de son avenir, les sportifs, les personnes qui ont de l’influence sur la société et les décideurs de s’interroger sérieusement sur cette préoccupation d’intérêt général.

Le but de cet article est d’éveiller les consciences et provoquer de réflexions pour trouver des solutions durables.

Sportivement.

Hassan Bala
www.kandama-sport.com

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