Diriger des collaborateurs dans une entreprise ou une équipe de football nécessite un certain nombre de qualités et un style de management. Chaque entraîneur (leader) a son propre style et sa méthode. De nos jours, le style autoritaire est l’un de moins utilisés par les managers. Pourtant dans certains contextes, si l’entraîneur arrive à trouver le bon dosage, cela pourrait être terriblement efficace.

Le technicien portugais José Mourinho (The Special One) était le maître en la lettre dans le jeu « provoquer pour obtenir le meilleur de ses poulains ».

En 2000, l’altercation avec son protégé Maniche (Nuno Ricardo de Oliveira Ribeiro) restera un exemple de référence. Voici l’extrait tiré du livre « Le cas Mourinho ».

(…) En septembre 2000, José Mourinho devient le plus jeune coach de l’histoire de Benfica à l’âge de 37 ans. Au lendemain de son premier match officiel comme entraîneur numéro 1, soldé par une défaite contre Boavista, qui a vu l’expulsion de son jeune joueur talentueux, Maniche (23 ans), ce dernier se permet qui plus est quelques écarts de conduite à l’entraînement.

Mourinho observe… N’importe quel entraîneur serait intervenu, sur le terrain ou dans le cadre d’un entretien individuel. Pas lui. Il ne veut pas à agir à chaud mais marquer le coup, froidement. Alors il attend le bon moment et, surtout, la bonne manière de recadrer durablement son élément perturbateur, promue la star de l’équipe dans les médias. Ce moment arrive dès le lendemain lorsqu’il organise une opposition avec l’équipe réserve. Dès la deuxième minute, Maniche se rend coupable d’un gros tacle par derrière sur le jeune Diogo Luis.

Mourinho, installé en tribune, appelle son adjoint, l’ancien Marseillais Carlos Mozer :  » Celui-là, tu l’envoies faire des tours de terrain jusqu’à la fin du match » Mozer transmet à un Maniche médusé, qui lance : « Il est malade lui ? Il vient d’arriver et il se croit déjà tout permis. C’est qui ce mec ?  » Mourinho ne bronche pas et continue à griffonner sur son carnet blanc. Au bout de dix minutes, Mozer parvient à convaincre le jeun rebelle d’exécuter sa sentence, mais il le fait à sa façon : il effectue des petits pas, s’arrête pour s’étirer, dit bonjour à des employés du club … Après 45 minutes, il a effectué 2 tours. Mourinho ne dit rien, mais demande à Mozer, à la mi-temps, de renvoyer le petit malin chez lui.

Le lendemain, à l’entraînement. Maniche et là. Le Portugais prend parole :  » Messieurs, comme vous le savez, je demande une grande intensité à mes joueurs pendant l’entraînement. Pour cela, il faut être physiquement préparé. Or, votre collègue Maniche n’est manifestement pas prêt pour ce défi. Physiquement, il est très atteint ». L’intéressé réplique, sourire en coin :  » Non coach, je vais très bien ». Mourinho :  » non, tu n’es pas enforme, je l’ai vu hier.

Un joueur qui met 45 minutes pour parcourir 800 mètres a manifestement un problème physique. Jusqu’à nouvel ordre tu t’entraîneras à midi avec Carlos et Vilda (le préparateur physique, Ndlr) pour récupérer la forme ». Mourinho vient de marquer un point décisif. Maniche a compris de qui il a en face de lui. Pendant toute la semaine, son travail et son comportement lors de ses séances individuelles vont être exemplaires. Il espère être convoqué pour le prochain match contre Braga. En vain. Il ne le sera pas non plus pour le suivant contre Belenenses !

Et puis le match contre Paço de Fereira arrive. Sur le tableau, Maniche voit son nom. Il est convoqué et, en plus, il est capitaine ! L’intéressé pense à une erreur, mais Mourinho le convoque en tête-à-tête, pour la première fois, afin de lui expliquer la raison :  » Tu e le seul joueur formé au club, tu dois donner l’exemple aux jeunes et aux nouveaux. Tu es capitaine parce que j’ai besoin de toi pour mener la barque ».

Comme un père qui s’est montré dur avec son fils avant de le reprendre dans ses bras une fois la punition est terminée, Mourinho fait preuve de bienveillance. Carlos Mozer raconte la suite :  » Ce joueur que tout le monde décrivait comme instable et imprévisible, s’est transformé en machine compétitive et imparable ». Et Maniche de confirmer :  » Mourinho m’a aidé à prendre mes responsabilités. Cette sanction a changé ma manière d’être et de penser « 

Cette expérience marquante a impacté Maniche dans la suite de sa carrière en lui ouvrant notamment la porte du football anglais. Après Porto, il a regagné le club londonien de Chelsea.

Cette manière de management a aussi ses limites, si le joueur est exceptionnel et capable à lui seul de te faire gagner parfois des matchs, être en conflit fréquent avec lui n’est pas du tout bénéfique, l’entraîneur a meilleurs temps de trouver un compromis avec lui. C’était le cas de Diego Maradona avec son club Naples à l’époque.

(Source : M. Vest, tiré du livre « Le cas Mourinho » du journaliste Thibaud Leplat)

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